Evaluation de la sensibilité in vitro des isolats de terrain de P.falciparum à la chloroquine, à la monodeséhylamodiaquine, à la luméfantrine et à la dihydroartémisinine dans trois villages du Mali
Abstract
Le but de ce travail était d'évaluer la sensibilité in vitro des isolats de terrain de P.falciparum à la chloroquine, à la monodeséhylamodiaquine, à la luméfantrine et à la dihydroartémisinine dans trois villages du Mali. Pour atteindre ce but nous avons réalisé une étude prospective de novembre à décembre 2005 sur des sujets âgés de 6 à 59 mois de Bancoumana, Faladjé et de Kollé. Durant, les études cliniques in vivo, 59 isolats de P. falciparum ont été collectés à Kollé, Bancoumana et Faladjé dont 47 ont réussi au test pLDH ELISA. Les isolats cliniques ont été cultivés avec une solution de RPMI 1640, plus 25 mM Hepes et 25 mM NaHCO3 (à 1,5 p.100 d'hématocrite, +10 p.100 de sérum humain,). Les plaques ont été incubées pendant 42-48 h à 37 ºC dans un incubateur CO2 (20 p.100 O2, 5 p.100 de CO2), puis congelées et conservées à - 20 º C. Les tests in vitro ont été révélés par la production pLDH ELISA. La détection de marqueurs moléculaires de la résistance à la chloroquine, à la monodeséhylamodiaquine, à la dihydroartémisinine et à la luméfantrine a été effectuée sur des confettis imbibés de sang contenant des parasites de P.falciparum provenant des patients. La méthode utilisée a été la double PCR suivie de la digestion d'enzymes de restriction permettant de déterminer les types d'allèles (mutant ou sensible) sur les gènes Pfcrt, PfATPase 6 et Pfmdr1 respectivement à leurs points de mutation K76T, S769N, N86Y. L'analyse des moyennes géométriques de CI50 a révélé : pour la chloroquine 143,94, 156,55, 163,76 nM à Bancoumana, Faladjé et Kollé respectivement (p égal 0,630). Ces moyennes géométriques dépassent le seuil de résistance défini à 100 nM ; pour la monodeséhylamodiaquine 34,26 nM, 33,25 nM, 36,68 nM à Bancoumana, Faladjé, Kollé respectivement (p égal 0,575). Ces résultats sont largement inférieurs au seuil de résistance 80 nM ; pour la luméfantrine 10,65 ; 7,95 ; 16,79 nM à Bancoumana, Faladjé et Kollé respectivement. Ces moyennes géométriques de CI50 sont largement inferieures au seuil de résistance définie pour la luméfantrine 150 nM ; pour la dihydroartémisinine à Bancoumana, Faladjé et Kollé respectivement 0,69 ; 0,81 ; 0,85 nM (p égal 0,551). Ces résultats sont largement inferieurs au seuil de résistance défini 10 nM. La recherche des mutations ponctuelles sur les différents gènes a révélé des taux d'allèle mutant pour Pfcrt 76T à Bancoumana, Faladjé, Kollé respectivement 75 p.100, 78,6 p.100, 76,2 p.100 (p égal 0,975). Nous avons trouvé les prévalences de l'allèle Pfmdr1 86N à Bancoumana, Faladjé et Kollé respectivement 91,7 p.100 ; 100 p.100 ; 90 p.100 . Aucune mutation ponctuelle PfATPase 6 S769N n'a été observée. En conclusion, la monodeséhylamodiaquine, la luméfantrine et la dihydroartémisinine gardent leur efficacité in vitro contre les isolats de P.falciparum alors que la chloroquine est inefficace dans les trois villages.