Evaluation des aspects de la voie intra-osseuse dans la prise en charge des enfants aux urgences pédiatrique du chu Gabriel Touré
Résumé
Résumé
Introduction :
Il est admis de manière universelle que la voie veineuse périphérique (VVP) est la voie d’abord
vasculaire de premier choix en médecine d’urgence, de par son efficacité et son faible coût.
Toutefois son obtention n'est pas toujours chose aisée et peut relever du défi : « plus un patient
a besoin d’une voie veineuse, plus c’est difficile à trouver » dixit Turkel en 1983. En médecine
pré-hospitalière, les difficultés rencontrées peuvent être dues au patient lui-même ou à sa
pathologie (âge extrême, obésité, altération du capital veineux, polytraumatisme, brûlures,
hypovolémie et a fortiori arrêt cardio-respiratoire…), mais également à l’environnement. En
cas d’état de choc notamment, les veines se collabent fréquemment, rendant difficile l’obtention
rapide d’une VVP et allongeant de fait le temps de prise en charge initiale. Or, tant que l’abord
vasculaire n’est pas mis en place, les thérapeutiques telles que les solutés de remplissage, les
drogues ou encore les transfusions ne peuvent être administrées. La rapidité avec laquelle est
obtenu l’accès vasculaire conditionne donc directement le pronostic du patient, et ce tout
particulièrement dans l’arrêt cardio-respiratoire (ACR).
Devant cet état de fait, une alternative à la VVP, simple, rapide, efficace et adaptée aux
situations d’urgence a resurgi depuis quelques années : la Perfusion Intra-Osseuse (PIO). Elle
utilise le riche réseau veineux intra-médullaire non collabable, comme vecteur pour administrer
les thérapeutiques nécessaires jusqu’à la circulation systémique. Différents auteurs ont montré
que l’utilisation d’une VIO diminuait le temps nécessaire pour obtenir un abord vasculaire chez
les enfants en ACR [7]. De plus, le taux de réussite de la pose d’une VIO en cas d’ACR est
supérieur (83%) à celui des autres voies d’abord vasculaires tels que la dénudation de la veine
saphène interne (81%), la pose d’un cathéter sous-clavier (77%) ou la pose d’une voie veineuse
périphérique (17%) [8]. De ce fait, la pose d’une VIO est actuellement recommandée comme
première voie d’abord vasculaire chez l’enfant en ACR, en choc décompensé et dans toutes les
situations d’urgences où une voie veineuse périphérique ne peut pas être posée en moins de 60
secondes, ou lorsqu’elle s’avère insuffisante pour perfuser les solutés nécessaires [1,2]. La VIO
doit alors être mise en place en moins de 5 minutes [1,2].Les difficultés voire l’impossibilité d’abord de voie veineuse périphérique dans les situations
d’urgences (déshydratation sévère, état de choc …etc), dans l’unité d’urgence pédiatrique du
CHU Gabriel Touré, vu qu’il ya peu d’étude pour évaluer la pose de VIO en Afrique
subsaharienne chez l’enfant d’où les raisons qui ont motivé la réalisation de ce travail .
Matériels et méthodes :
Il s’agit d’une étude prospective observationnelle basée sur l’évaluation de la pose de voie
intra-osseuse dans la prise en charge des enfants à l’urgence pédiatrique du chu Gabriel Touré.
Elle s’est déroulée sur une période de 14 mois allant de Mars 2018 à Avril 2019.
Elle a inclus : Tout enfant prise en charge par l’unité d’urgence pédiatrique, pour lequel a été
tentée la mise en place d’une voie intra-osseuse.
Résumé :
Durant l’étude 22 patients ont été inclus avec un sex ratio de 2,14. Les enfants de 1 à 6 mois
ont représenté 45,5%( Âge : min = 2 mois ; max = 36 mois ; moy = 9,23 ± 8,141 mois). La
déshydratation compliquée d’état de choc a représenté 45,5% des diagnostics retenus. La
totalité des IO ont été insérer au niveau du tibia proximal. Le DIO à insertion manuelle a été
utilisé dans la totalité des cas.
La complication précoce la plus fréquente a été la déperfusion avec 13,6% des cas. La majorité
des indications de l’IO a été une difficulté d’abord de voie veineuse périphérique avec 77,3%
des cas. La majorité des IO a été posé par un médecin avec 90,9% des cas. La majorité des
traitements reçus par VIO a été le remplissage et ABT avec 81,8% des cas. Le taux de réussite
a été très élevé avec 86,4% des cas. La majorité des patients a survécu avec 68,2% avec un
taux de décès de 31,8%.
Conclusion :
La perfusion intra-osseuse est une technique ancienne qui connaît depuis quelques années un
regain d’intérêt. Elle présente actuellement de nombreux avantages. La perfusion intra-osseuse
constitue donc une alternative salvatrice fiable à la voie veineuse périphérique classique dans
les situations d’urgence vitale. De ce fait, elle est intégrée aux dernières recommandations
internationales de prise en charge de l’arrêt cardiorespiratoire, en pédiatrie comme accès
vasculaire de premier choix.