Couverture de la campagne de traitement de masse au praziquantel et à l'albendazole et satisfaction des bénéficiaires dans les régions de Mopti et Ségou.
Résumé
Le traitement chimiothérapique reste encore la stratégie de contrôle la plus efficace adoptée par de nombreux programmes de lutte contre les schistosomoses dans les régions d'endémie. Pour améliorer les taux de couverture, de nouvelles stratégies basées sur la participation effective des communautés elles-mêmes à l'administration des médicaments ont été initiées. La présente étude avait pour but d'évaluer le degré de satisfaction des bénéficiaires du traitement et le taux de couverture du traitement de masse au praziquantel et à l'albendazole. Il s'agissait d'une étude transversale descriptive qui s'étalait de février à mars 2006. Deux régions, Mopti et Ségou considérées comme les principales régions d'endémie bilharzienne du Mali étaient concernées par l'enquête. La population d'étude était composée par l'ensemble des résidents âgés de cinq ans ayant bénéficié du traitement de masse entrepris en 2005. Cette population était répartie en trois catégories : la cible politique et administrative civile composée par les autorités (n égal 142), la cible administrative composée par les directeurs régionaux de la santé (n égal 2), les directeurs d'académie de l'enseignement (n égal 3), les directeurs du centre d'animation pédagogique (n égal 11), les enseignants (n égal 56), les médecins chefs de district (n égal 12) et les chefs de poste médicaux (n égal 22) et la cible socioculturelle comprenant les distributeurs communautaires (n égal 33), les élèves (n égal 2480) et les membres de la communauté (n égal 2170). Pour l'enquête de satisfaction, l'étude était exhaustive pour la cible politique et la cible administrative. Mais pour l'évaluation du taux de couverture qui concernait les catégories socioprofessionnelles, l'enquête a porté sur les chefs de village, les maîtres d'écoles et les distributeurs communautaires sélectionnés dans toutes les localités enquêtées. La méthode LQAS (Locality Quality Assurance Sampling) a permis d'estimer la taille de l'échantillon dans les deux types de lots considérés : l'école et les communautés. La proportion des agents de la santé estimant que la bilharziose revêtait une grande importance variait de 50 p.100 pour les directeurs régionaux de la santé à 9 p.100 pour chefs de poste médicaux. Pour les vers intestinaux, cette proportion était de 50 p.100 pour les directeurs régionaux et les médecins chefs contre 15,2 p.100 pour les distributeurs communautaires. La bilharziose et les vers intestinaux étaient connus par la totalité des directeurs d'académie de l'enseignement et des directeurs de centre d'animation pédagogique interrogés. L'école apparaissait comme le principal canal d'information pour 58,8 p.100 des enseignants, alors que le centre de santé était la source d'information pour 33 p.100 des directeurs d'académie de l'enseignement et pour 45 p.100 des directeurs de centre d'animation pédagogique. L'école demeurait le principal canal d'information pour 35,4 p.100 des élèves, pendant que les membres de la communauté connurent ces parasites à travers leur propre expérience de la maladie. Quant aux autorités, elles s'étaient plutôt informées auprès des amis, des parents et des voisins pour 40,5 p.100 d'entre elles. L'opinion " très satisfait " des bénéficiaires à l'endroit du programme variait de 100 p.100 pour les 2 directeurs régionaux de la santé à 9,6 p.100 pour les autorités. Le plaidoyer était le principal soutien proposé au programme. Tous les directeurs régionaux de la santé, la moitié des médecins chefs et 18,2 p.100 des chefs de poste médicaux y ont souscrit. De nombreuses suggestions ont été faites à différents niveaux pour améliorer les prestations du programme et réduire les coûts du traitement : le traitement régulier des écoliers et son extension aux autres membres de la communauté, l'intégration de la bilharziose et des vers intestinaux dans les programmes d'enseignement, l'intégration des activités du programme à celles déjà existantes (semaine intensive de l'alimentation, le programme national de lutte contre le paludisme, les maladies sexuellement transmissibles/SIDA, le programme élargi de vaccination). A Ségou, les taux de couverture dans les écoles étaient de 100 p.100 dans les cercles de Bla et San contre 97,2 p.100 à Ségou. Dans les communautés, les taux variaient de 100 p.100 à Baraouéli et Bla contre 98 p.100 à Ségou. Dans la région de Mopti, les taux de couverture en milieu scolaire étaient plus élevés à Bankass (99 p.100 ) et plus faibles à Youwarou (69,8 p.100 ). Dans la population générale, ils étaient de 97,1 p.100 à Djenné et 65,9 p.100 à Mopti. A la fin de la campagne de traitement, 72,3 p.100 des élèves et 76,6 p.100 des membres de la communauté affirmaient se sentir bien après le traitement. Les résultats de cette étude montrent qu'en dépit de leur ampleur, il est possible de contrôler la schistosomose et les vers intestinaux avec l'implication effective des populations concernées dans tous le processus du traitement.