Paludisme grave et pigment malarique chez des sujets de 0 à 20 ans à Bandiagara, Mali
Résumé
Notre étude avait pour objectif d'étudier l'association entre les formes graves de paludisme et la présence de leucocytes mélanifères circulants chez des sujets semi-immuns. Cette étude conduite dans la ville de Bandiagara où la transmission du paludisme est saisonnière, a concerné des sujets volontaires âgés de 0 à 20 ans durant la période de forte transmission du paludisme de l'an 2000. Il s'est agi d'une étude cas-témoins appariés (1 : 2) selon l'âge et le lieu de résidence. Les cas étaient les formes de paludisme grave, les témoins étaient des sujets apparemment indemnes de paludisme ou souffrant d'un paludisme simple. Le diagnostic de l'infection palustre procédait de la lecture de la goutte épaisse, la recherche du pigment malarique a été faite dans les PN et les monocytes sur des frottis minces de sang capillaire colorés par la technique de May-Grünwald-Giemsa. Soixante-dix cas de paludisme grave parmi lesquels prédominent les formes neurologiques et hyperparasitémiques ont été étudiés. Au moins 80 p.100 de ces cas étaient associés à la présence de leucocytes mélanifères dans le sang périphérique. Par comparaison avec les témoins, nous avons pu observer que la recherche de leucocytes mélanifères circulants était d'autant plus fréquemment positive que le paludisme était grave. La présence de leucocytes mélanifères dans le sang était significativement associée aux formes neurologiques, à la présence d'une fièvre ou d'une anémie grave chez le malade. Mais elle n'était pas associée à l'existence d'une hyperparasitémie. La comparaison des prévalences du pigment malarique dans les PN et les monocytes selon les formes cliniques de paludisme permettait d'observer que les monocytes pigmentés étaient significativement plus prévalent en cas de paludisme simple. Nous concluons que la découverte de pigment malarique dans les PN et les monocytes circulants chez un sujet impaludé pourrait être prédictive de la gravité de la maladie et que le taux des PN mélanifères dans le sang est un bien meilleur marqueur biologique d'infection palustre chez le sujet semi-immun. D'autres études devraient préciser les seuils des PN mélanifères circulants régulièrement corrélés à un paludisme grave ou a une infection palustre au cours de laquelle la goutte épaisse est en défaut.