Evolution de la résistance de Staphylococcus aureus aux antibiotiques au Centre d’infectiologie Charles Mérieux de 2006 à 2015
Résumé
Le Staphylococcus aureus est l’une des principales bactéries d’intérêt médical par son importance en pathologie aussi bien nosocomiale que communautaire. C’est aussi un problème thérapeutique par sa capacité d’acquisition de nombreux mécanismes de résistance aux antibiotiques.
La présente étude a pour objectif de faire le point sur l’évolution de la résistance de S. aureus aux antibiotiques au Laboratoire Rodolphe Mérieux de Bamako, Mali (LRM).
L’étude retro-prospective, a porté sur les S. aureus isolés des différents prélèvements bactériologiques reçus au LRM entre 2006 et 2015.
L’identification des souches a été faite par la mise en évidence de caractères culturaux et biochimiques propres à la bactérie : aspect des colonies, test de la catalase, fermentation du mannitol, la coagulase, et identification par l’automate VITEK® 2 Compact.
La sensibilité aux antibiotiques a été déterminée selon la méthode sur milieu gélosé de Kirby Bauer, ou avec les automates VITEK® 2 Compact ou le Mini Api.
Nos résultats montrent que durant période d’étude (2006-2015) environ 60 à 80 souches de S.aureus sont isolées par an.
Le taux moyen de SARM sur la période d’étude était de 27% et de 5% pour les SARV. Ces souches augmentent régulièrement depuis 2006. On peut noter une différence significative entre les deux périodes quinquennales 2006-2015 avec 22% de SARM et 2011-2015 avec 32%, soit une augmentation de 10% entre les deux périodes.
Les molécules les plus actives furent la vancomycine (0-16% de résistance), la clindamycine (10-25% de résistance), la gentamycine(6-20% de résistance), la tigecycline(7% de résistance), la mupurocine(7% de résistance), la pristinamycine(0-8% de résistance), la fosfomycine(0-13% de résistance), l’acide fusique(8-22% de résistance), la tobramycine(3-22% de résistance) et la minocycline(12-26% de résistance). Par contre des antibiotiques comme les tétracyclines (55-79% de résistance), les fluoroquinolones (31% de résistance), la pénicilline (90-100% de résistance), l’érythromycine (31-62% de résistance), le cotrimoxazole (19-63% de résistance) n’ont été que faiblement actifs. Les SARM se sont montrés plus résistants aux antibiotiques que les souches de SASM.
Les taux de résistance ont augmenté d’une manière générale notamment avec des molécules comme l’érythromycine, la rifampicine, le cotrimoxazole, les tétracyclines, les fluoroquinolones et la teicoplanine. D’autres molécules comme la gentamycine, la tobramycine, la fosfomycine et l’acide fusidique n’ont pas connu d’évolution majeur. Aucune diminution des taux de résistance n’est notable.
Cette étude a ainsi permis de mettre en évidence une augmentation de la résistance des souches de S.aureus aux antibiotiques, plus accentuée encore chez le SARM, une augmentation du taux de SARM et des souches résistantes à la vancomycine