Suivi de la transmission vectorielle du paludisme dans un village sahélien de 2012 à 2016 au Mali
Résumé
A la fin de la saison de pluies, le tarissement des gîtes larvaires entraine une diminution considérable des densités voire la disparition des vecteurs du paludisme dans les zones sahéliennes. Cependant, des études ont montré que des adultes d’An gambiae s.l. persisteraient tout au long de la saison sèche. Le but de ce travail est de déterminer le niveau de transmission vectorielle du paludisme durant les différentes périodes de l’année enfin de comprendre l’implication des anophèles de la saison sèche dans le maintien de la transmission du paludisme pendant l’arrivée de la saison de pluies en zone sahélienne du Mali.
Les moustiques ont été collectés à l’aide d’aspirateur à bouche dans les habitations humaines pendant tous les mois de l’année de 2012 à 2016. Leurs taux d’infection (taux d’antigène sporozoïtique) ont été déterminés par la technique ELISA (Enzyme Linked Immuno Sorbent Assay). L’identisation des espèces d’An gambiae s.l. a été faite en utilisant la technique moléculaire de polymérisation en chaine ou PCR.
Les résultats obtenus ont montré que la population vectrice était composée d’An. gambiae s.l (99,7%) et d’An funestus (0,3%). Anopheles coluzzii était l’espèce la plus fréquente d’An. gambiae s.l (88,3 à 100%), surtout en saison sèche. An. gambiae n’a été observé que pendant la saison de pluies avec des fréquences relativement faibles (2,72 à 13,09%). Anopheles arabiensis était très rare en saison sèche et présent en saison des pluies à des fréquences allant de 5,01 à 17,16%.
Le taux d’infection moyen d’An gambiae s.l. était de 2,13% (138/6475) pendant la saison des pluies contre seulement 0,05% (1/2078) pendant la saison sèche de l’ensemble de la période d’étude. Aucun moustique infecté n’a été observé parmi les 320 spécimens collectés pendant les trois semaines qui ont suivi les toutes premières pluies. An. coluzzii était l’espèce ayant montré le taux d’infection le plus élevé (4,56%) suivie d’An. arabiensis (3,37%) et An. gambiae (2,24%).
Nos résultats ont montré qu’An gambiae s.l. est pratiquement le seul vecteur qui assure la transmission dans la zone d’étude. Les trois espèces qui la composent sont toutes impliquées dans la transmission à des degrés divers. L’absence de spécimen porteur de parasite d’origine locale pendant toute la période sèche de l’étude nous laisse penser que les moustiques survivant pendant la saison sèche ne constitueraient pas un réservoir de Plasmodium pendant la saison sèche et leur contribution à la réinitialisation de la transmission en début de saison de pluies serait minime.