Facteurs associés aux mutations sur les gènes Pfk13, Pfmdr1, et Pfcrt dans la localité Sélingué en 2018
Résumé
Malgré les efforts consentis pour la lutte, le paludisme reste une priorité de santé publique car
c’est l’une des premières causes infectieuses de mortalité dans les zones endémiques. Plus de
40% de la population mondiale soit 3,3 milliards de personnes vivent dans ces zones. L’objectif
de cette étude était de déterminer les facteurs parasitologiques et cliniques associés aux
mutations sur les gènes PfK13, Pfmdr1 et Pfcrt à partir des isolats collectés dans la commune
rurale de Sélingué. C’est dans ce cadre que nous avons mené une étude transversale ouverte à
deux bras (ASAQ de la firme pharmaceutique DENK et Coartem de NOVARTIS) entre
Octobre 2015 et Janvier 2017. Un groupe recevait l’ASAQ (artesunate+amodiaquine) et l’autre
Coartem® (artéméther+luméfantrine) selon un code bien établi. Au départ 449 enfants âgés de
6 à 59 mois ont été inclus dans l’étude avec une parasitémie comprise entre 2000 et 199.999
parasites par microlitre de sang, parmi lesquels 75 ont fait un échec thérapeutique et c’est sur
ces 75 cas que notre étude s’est portée. Le génotypage a été effectué en utilisant les marqueurs
moléculaires msp1, msp2 et glurp dans le but de discriminer les cas de recrudescence des cas
de réinfection et la détection des mutations sur les gènes Pfk13, Pfmdr1 et Pfcrt par séquençage (Sanger sequencing). Après séquençage, nous avons obtenu des mutations ponctuelles connues
dans la résistance des parasites sur les gènes Pfcrt et Pfmdr1 dont les plus répandues dans la
présente étude étaient Pfcrt-76T (64,38%) suivis Pfmdr1-Y184F (56,76%) et Pfmdr1-N86
(74,32%). Des mutations transitoires ont été détectées dans certaines positions du gène PfK13
: T478T, Q613 Q, Y493 Y, K503 K, C469C. le A578 S, considéré comme l’allèle le plus
fréquent chez les parasites africains, a été trouvé dans deux échantillons prélevés chez le même
patient. Nous n’avons pas trouvé d’association entre certaines mutations et les facteurs
parasitologiques et cliniques tels que l’âge, la température, le taux d’hémoglobine, les bras
d’allocation et la parasitémie. Cependant, des différences statistiquement significatives ont été
obtenues avec certaines positions tels que 74I, 75E, 76T de Pfcrt (bras de traitement) ; 86Y
(parasitémie). Malgré l’efficacité des molécules antipaludiques, l’augmentation de la fréquence
des mutations interpelle le monde scientifique sur l’amélioration de ces molécules ou leurs
conditions d’utilisation