Efficacité des combinaisons AL et AS/SP et quiescence des isolats parasitaires de Plasmodium falciparum tolérants à l'artémisinine au Mali.
Résumé
Il a été montré que Plasmodium falciparum entre en quiescence en réponse au stress provoqué par l'exposition à l'artémisinine (ART) et ses dérivés. Récemment, des souches de laboratoire résistantes à ces molécules ont été sélectionnées. Le mécanisme de résistance affecterait le caractère de quiescence des parasites. Le but de notre travail consistait à évaluer l'efficacité de l'ART sur les isolats de Plasmodium falciparum provenant des zones d'endémie palustre au Mali où les dérivés d'artémisinine sont utilisés pour la prise en charge de tous les cas de paludisme simple. Nous avons effectué des tests in vitro basés sur la révélation des parasites tolérants à l'ART par un mécanisme de quiescence sur des isolats prélevés au cours d'un essai in vivo des combinaisons AL et AS/SP dans deux zones endémiques au Mali. Les isolats parasitaires ont été exposés à une gamme de concentrations d'ART dans une plaque à 24 puits (1nM – 10nM - 50nM - 100nM et un puits témoin avec du DMSO) et gardés en culture pendant environ 48 heures (cloche à bougie, 37ºC, hématocrite 2 p.100, Sérum AB 2.5 p.100). Les parasites ont été ensuite lavés et remis en culture (cloche à bougie, 37ºC, hématocrite 2 p.100, Sérum AB 5 p.100) dans un milieu exempte d'ART afin de déterminer la survie et le stade des parasites après environ 46 et 92 heures. Les résultats des puits exposés à l'ART ont été comparés à ceux des puits témoins DMSO. Sur les 46 isolats traités, les proportions des phénotypes tolérants à 100nM d'ART et à 50nM étaient comparables, soit 14,64 p.100. Les phénotypes parasitaires (58,54 p.100) dont les limites de tolérance sont comprises entre 10 – 50nM étaient les plus dominants. Les taux d'efficacité in vivo des combinaisons AL (98,75 p.100) et AS/SP (100 p.100) après correction moléculaire par PCR étaient comparables. L'AL corrigeait mieux l'anémie que l'AS/ASP. Nous n'avons pas de liaison significative entre la tolérance des parasites aux concentrations d'ART de 50 et 100nM et la survenue des échecs in vivo, de la gamétocytémie et de l'anémie. Pour les 12 isolats tolérants, nous avons observés plus de stade trophozoite à 100nM (80 p.100) et 50nM (66,67 p.100) d'ART qu'au témoin DMSO (58,33 p.100). Contrairement au témoin, la majorité des stades parasitaires à 50 et 100nM d'ART était des rings et trophozoites. Ces observations étaient comparables à celles de l'étude menée par Witkowski sur la résistance de P. falciparum à l'ART par le phénomène de quiescence. Cependant, nous n'avons pas pu mettre en évidence la relation directe entre les concentrations d'ART de 50 et 100nM et l'apparition d'un stade parasitaire donné. Au vu des résultats obtenus, la poursuite de cette étude est nécessaire pour effectuer des expériences et analyses plus approfondies sur la recherche d'isolats tolérants à l'ART par le phénomène de quiescence au Mali.