Evaluation entomologique dans les sites sentinelles du Programme National d'Elimination de la Filariose Lymphatique avant et après le premier traitement de masse dans la région de Sikasso au Mali
Abstract
La filariose de Bancroft est endémique dans tous les 8 districts administratifs (8) du Mali. Sa prévalence varie de 1 p.100 à Tombouctou (partie nord du Mali) à plus de 18 p.100 à Sikasso la partie sud du pays (PNEFL, 2006). L'allocation des ressources étant limitées dans nos pays, les résultats de cette étude entomologique aideraient à mettre en place une meilleure stratégie de traitement d'une part et d'autre part d'obtenir une stratégie multidisciplinaire de monitorage de l'impact du traitement de masse. Cette étude nous a permis d'évaluer le niveau de transmission de la FL dans les sites sentinelles avant et après 1 TDM sous directive communautaire avec l'association albendazole / ivermectine sur l'infection à Wuchereria bancrofti et sur la transmission de ce parasite par les vecteurs Anopheles gambiae s.l et Anopheles funestus. Les captures de jours ont été effectuées par la méthode de "Pyrethrum spray-catch" (PSC) ou aspersion d'insecticide, utilisant un insecticide en aérosol contenant 0.3 p.100 de perméthrine, connu sous le nom commercial de "Premium[(R)]". L'échantillonnage a concerne tous les moustiques du genre Anopheles gambiae s.l et Anopheles funestus capturés par aspersion d'insecticide. Ces moustiques ont ensuite été arrangés en lots par passage, par site sentinelle et par espèce. La taille des lots de moustiques variait entre 6 à 27. Nous avons utilisé la détection de l'ADN de Wuchereria bancrofti au sein des lots de moustiques par PCR en temps réel comme outil de surveillance de la transmission puis nous avons comparé la PCR en temps réel à la PCR conventionnelle dans la détection de l'ADN de Wuchereria bancrofti d'autre part. Les principaux vecteurs de la filariose lymphatique retrouvés dans les sites sentinelles avant et après le 1[er] TDM étaient Anopheles gambiae s.l et Anopheles funestus. Il y avait une prédominance d'Anopheles gambiae s.l dans tous les sites sentinelles à plus de 90 p.100 . Avant le 1[er] traitement de masse, la densité moyenne des moustiques était de 5,3 (0,7-10,9) pour Anopheles gambiae s.l et 1,8 (0,3-3,9) pour Anopheles funestus. 5 mois après le 1[er] traitement de masse, la densité moyenne des moustiques était de 29 (20,6-39,2) pour Anopheles gambiae s.l et 0,4 (0,1-1,2) pour Anopheles funestus. 7 mois après le 1[er] traitement de masse, la densité moyenne des moustiques était de 9,6 (3,3-16,6) pour Anopheles gambiae s.l et 0,6 (0-1,2) pour Anopheles funestus. 9 mois après le 1[er] traitement de masse, la densité moyenne des moustiques était de 6,4 (2,1-15,9) pour Anopheles gambiae s.l et 0, (0,1-2,1) pour Anopheles funestus. Avant le 1[er] TDM, l'agressivité moyenne était de 30,5 (3,1-62,7) piqûres par homme par mois pour Anopheles gambiae s.l contre 9,7 (1,2-22,3) piqûres par homme par mois pour Anopheles funestus. 5 mois après le 1[er] TDM, l'agressivité moyenne était de 221,3 (153,2-336,1) piqûres par homme par mois pour Anopheles gambiae s.l contre 3,5 (1,1-10,9) piqûres par homme par mois pour Anopheles funestus. 7 mois après le 1[er] TDM, l'agressivité moyenne était de 69,6 (17,3-198,1) piqûres par homme par mois pour Anopheles gambiae s.l contre 3,1 (0-4,6) piqûres par homme par mois pour Anopheles funestus. 9 mois après le 1[er] TDM, l'agressivité moyenne était de 24 (6,9-58,2) piqûres par homme par mois pour Anopheles gambiae s.l contre 3,5 (1,1-9,2) piqûres par homme par mois pour Anopheles funestus. La PCR en temps réel a été plus sensible pour la détection de l'ADN de Wuchereria bancrofti que la PCR conventionnelle. En plus elle permet un gain de temps et réduit le risque de contamination croisée entre les échantillons. Par contre les 2 méthodes diagnostic avaient une spécificité comparable. Avant le 1[er] TDM (décembre 2004), le taux d'infection était de 1,84 p.100 . Ce taux d'infection était comparable au taux d'infection des 3 passages après TDM (5[e], 7[e] et 9[e] mois après TDM). 5 mois après le 1[er] TDM (août 2005), le taux d'infection était de 0,99 p.100 . 7 mois après le 1[er] TDM (octobre 2005), le taux d'infection était de 1,28 p.100 . 9 mois après le 1[er]TDM (décembre 2005), le taux d'infection était de 2,33 p.100 . Nous avons observé une augmentation significative entre les taux d'infection des passages d'août et décembre 2005. Ceci confirme que l'évaluation de l'impact du TDM ne peut être effectuée que 9 mois après le TDM