Test d’efficacité de la combinaison thérapeutique artémether plus luméfantrine dans la commune rurale de dioro : prévalence des mutations sur les gènes pfmdr1 et pfk13 chez les parasites isolés lors des échecs thérapeutiques
Résumé
L'émergence de la résistance aux dérivés de l'Artémisinine et ses molécules partenaires à l'ouest du Cambodge menace les progrès récents en matière de contrôle et de l'élimination du paludisme à l'échelle mondiale. Le polymorphisme des mutations du gène PfK13 et Pfmdr1 sont d’une importance capitale d’où l’objet de cette étude, qui était d’estimer la prévalence des marqueurs moléculaires de résistance à l’Artémether plus la Luméfantrine à Dioro. Il s’agissait d’une étude prospective qui s’est déroulée d’avril 2012 à mai 2017 dans le centre de santé communautaire de Dioro. Un total de 1249 patients ont été dépistés parmi lesquels 214 ont été enrôlés, tous âgés de 2 à 15 ans. Des échantillons de sang prélevés sur du papier filtre ont été utilisés pour l’extraction de l’ADN par le kit Qiagen (conformément aux instructions du fabricant). La différenciation des nouvelles infections des cas de recrudescence a été faite par l’utilisation de 4 microsatellites neutres (2490 ; PfPK2 ; Polyα et TA1). La détection des mutations a été faite par le séquençage du Domaine Propeller gène PfK13 et les régions 1 et 2 de Pfmdr1 par la méthode de Frederick Sanger. Elle a été réalisée sur 14 patients parmi les 19 cas d’échecs thérapeutiques avant le traitement et le jour d’échec thérapeutique. La tranche d’âge 6 à 9 ans était la plus représentée soit 41,58% (89/214) et éliminaient plus rapidement les parasites à 24H et 48H respectivement 43,33% et 41,67%. Le taux de guérison corrigé par l’analyse des quatre microsatellites neutres représentait 99,73% et le taux recrudescence était 0,93 %. Les mutations trouvées sur le gène Pfmdr1 étaient Y184F à 73,1%, 10,7% pour N86Y et T1226T), 3,6% pour (G102G, G1161R et G1218G) et 3,8% pour D1246Y. Les doubles (N86Y + Y184F) et les triples (Y184F + T1226T + D1246Y) mutations représentaient respectivement 10,7% et 3,6%. Une mutation transitoire a été trouvée sur le gène PfK13, il s’agit de P413P soit 3,57 %. En conclusion, avec la fréquence élevée des mutations sur Pfmdr1, un contrôle régulier des marqueurs de mutations associées à la résistance des dérivés de l’Artémisinine et ses molécules partenaires s’avère nécessaire. Le traitement à base d'Artémisinine plus la Luméfantrine reste efficace dans le traitement du paludisme simple à P. falciparum dans la localité de Dioro.