Le paludisme transfusionnel dans le service des maladies infectieuses et tropicales du chu point g de Bamako
Résumé
Introduction : le paludisme constitue une véritable menace sanitaire en Afrique sub-saharienne
où le Plasmodium n’est pas recherché dans les poches de sang. Notre objectif principal était de
déterminer sa prévalence dans les poches de sang, les facteurs associés et l’implication des
poches de sang dans la transmission du paludisme dans notre contexte. Méthodes : du 1
er avril
au 30 novembre 2020 nous avons mené une étude transversale retro-prospective sur des poches
de sang et des receveurs hospitalisés dans le service des maladies infectieuses et tropicales du
CHU Point G de Bamako. Le logiciel SPSS 22.0 nous a permis de faire des analyses statistiques
par méthode de régression logistique binaire avec un seuil de significativité p<0.05 et un risque
relatif encadré par l’intervalle de confiance à 95%. Résultats : la fréquence de la transfusion
sanguine était de 71.1%, la prévalence du portage plasmodial des poches de sang était de 22%
avec des parasitémies comprises entre 25 et 350 trophozoïtes/µl. Le jeune âge du donneur
(p=0.000 ; RR=0.14 [IC à 95% =0.10 – 0.38]), le don occasionnel (p=0.000 ; RR= 0.04 [IC à
95% = 0.01 – 0.19]) et le non-usage des MILD par les donneurs (p=0.048 ; RR= 0.53 [IC à 95%
= 0.29 – 1]) étaient les facteurs indépendamment associés à ce portage plasmodial. Au total 108
patients ont reçu chacun au moins une poche de sang, parmi lesquels 105 (97.2%) étaient
séropositifs pour le VIH, la majorité a été transfusée pour une anémie normocytaire
normochrome décompensée avec une hémoglobine moyenne à 7.7 ± 1.7 g/dl (extrêmes de 2.5
et 11.9 g/dl) et 54 (71%) ont développé le paludisme suite à la réception des poches de sang
infestant, après une incubation de 1 à 7 jours chez 65 (92%) avec une moyenne de 4 ± 3.5 jours.
La durée moyenne d’hospitalisation était de 23 jours avec des extrêmes de moins 24 heures et
94 jours. Parmi les receveurs 36 (33.3%) sont décédés et les décès étaient significativement
associés à l’immunodépression sévère (CD4 < 200 cellules/mm3
) [p=0.002, RR= 0.2 (IC à
95%= 0.10 – 0.52)], l’anémie sévère [p = 0.034 ; RR= 0.26 (IC à 95%= 0.10 – 0.90)] et l’anémie
décompensée [p = 0.034 ; RR= 3.88 (IC à 95%= 1.11 – 13.56)]. Conclusion : les poches de
sang portant du Plasmodium le transmet aux receveurs déjà fragilisés par des affections
chroniques, favorisant la survenue précoce du paludisme transfusionnel chez eux. Une sélection
rigoureuse des donneurs de sang permettrait de rompre la transmission du paludisme et d’autres
infections par la transfusion sanguine.