Etude épidémiologique de la transmission du paludisme en saison sèche dans trois villages riverains du fleuve Niger
Abstract
En zone de transmission saisonnière du paludisme à Bancoumana au Mali, des études moléculaires ont montré la présence de nouveaux cas d'infection à P. falciparum chez les enfants pendant la saison sèche malgré les difficultés de détecter la présence de sporozoites chez les rares anophèles collectés pendant cette période (janvier-avril). A la suite de cette observation, des études écologiques pendant la saison sèche ont montré la présence du vecteur avec des densités relativement élevées le long du fleuve à quelque km de là suite à la décrue du fleuve et qui pourrait être la source de ces nouvelles infections. L'objectif de cette étude était de mieux comprendre l'épidémiologie du paludisme dans cette zone afin d'élaborer une stratégie de lutte adaptée. De type transversal, notre étude s'est déroulée à Fourda et Bozokin adjacents du fleuve et à Kenieroba à 2 km du fleuve dans la commune rurale de Bancoumana en juin et octobre 2007 et en avril 2008. Les données entomologiques ont été collectées par la méthode d'aspersion intra domiciliaire et celles parasito-cliniques par goutte épaisse et par examen clinique. Les résultats ont montré que le vecteur majeur était An. gambiae s.l avec une fréquence relative moyenne entre 96,9 p.100 à 100 p.100 . Sa densité moyenne par case variait entre 3,1 à 6,0 selon les localités. Le taux d'inoculation entomologique était surtout élevé à la fin de la saison des pluies (5,3 piqûres par homme et par mois) à Kenieroba. La même tendance a été observée au niveau des deux hameaux de pèche (Fourda, 4,5 piqûres par homme et par mois et à Bozokin, 0,5 piqûre par homme et par mois). L'indice plasmodique variait de 19,9 p.100 à 50,6 p.100 à Kenieroba ; de 16,4 à 41,2 p.100 à Fourda et de 0,8 p.100 à 47,0 p.100 à Bozokin ; avec des variations mensuelles significatives (à Kenieroba, p inférieur à 0,001 ; à Fourda, p inférieur à 0,001 ; à Bozokin, p inférieur à 0,001). Le paludisme était méso-endémique en saison sèche à Kenieroba et Fourda alors qu'à Bozokin il était hyper-endémique. A Kenieroba, 41,8 p.100 des accès fébriles instantanés étaient d'origine palustre, 30,4 p.100 l'était à Fourda et seulement 18,2 p.100 l'ont été à Bozokin. Dans l'ensemble, les niveaux de transmission ont été faibles en saison sèche dans les hameaux de pêche, en dépit de leur proximité du fleuve le long duquel des gîtes productifs en larves ont été observés