Prise en charge des douleurs postopératoires au CHU du Point ''G'' : Etat des lieux
Résumé
Introduction : Un audit dans un établissement et la prise de conscience des dysfonctionnements sont des préalables indispensables à toute démarche d'amélioration. Le but de notre étude était de réaliser un audit initial de la prise en charge des douleurs postopératoires (pcdpo) au CHU du Point ''G'' pouvant servir de base pour son amélioration. Matériels et méthodes : étude transversale descriptive ayant concerné les services de chirurgie et de réanimation sur une période de huit mois (mai à décembre 2006).Données recueillies sur la base d'autoquestionnaires pour praticiens et patients, lecture des dossiers médicaux, d'anesthésie et de soins, et enquête in situ ; explorant tous les indicateurs de la pcdpo. Résultats : Données générales : 64 à 100 p. 100 des praticiens (selon le grade) ont pris part et 600 patients ont été inclus. La tranche d'âge [25-34 p. 100] était majoritaire à 29 p. 100 et le sexe ratio 1,2 en faveur du féminin. La chirurgie conventionnelle a représenté 93 p. 100 contre 7 p. 100 de coeliochirurgie, 70 p. 100 d'intervention programmées contre 30 p. 100 d'urgence ; l'anesthésie générale 81 p. 100 contre l'anesthésie régionale 18 p. 100 et la locale 1 p. 100. Formation-Connaissance du personnel : Seulement 22,5 p. 100 des médecins et 9 p. 100 des soignants ont déclaré avoir eu une formation spécifique douleur suffisante. Information-Sensibilisation du patient : Aucun support informationnel sur la PCDPO dans les différents services. Seulement 6 p. 100 des patients ont déclaré avoir bénéficié d'une information APO avant l'intervention et 10 p. 100 d'un encouragement dans le postopératoire à signaler leurs épisodes douloureux. Prévalence et Intensité des dpo : 98 p. 100 des patients ont déclaré avoir ressenti une douleur (même faible), 54 p. 100 ont présenté des douleurs sévères. 72 p. 100 ont souffert de douleurs induites. Evaluation de la douleur : 63 p. 100 des médecins et 67 p. 100 des soignants déclaraient prescrire/effectuer l'évaluation dont 53 p. 100 à la plainte du patient et 17 p. 100 à intervalles réguliers, le plus souvent par interrogatoire simple. Seulement 25 p. 100 médical et 10 p. 100 soignant déclaraient quantifier la douleur par outils validés. Mais 0 p. 100 de trace écrite de l'évaluation. Thérapeutique : Absence absolue (0 p. 100) d'analgésie (anticipée) peropératoire (bloc), SSPI non opérationnelle, 92 p. 100 des patients douloureux ont bénéficié d'une analgésie en secteur d'hospitalisation. Protocoles écrits et Consignation : Il n'y avait pas de protocoles écrits sauf en réanimation, non plus de consignation (et suivi) du traitement en chirurgie dans 48 a 95 p. 100 (selon le service) et en réanimation dans 19 p. 100. Technique analgésique et Modalité thérapeutique : APO par voie générale 100 p. 100. Monothérapie à 96 p. 100. Mode d'administration : 95 p. 100 systématique à horaires fixes en réanimation et 75 à 100 p. 100 à la demande en chirurgie avec dans 92 p. 100 un délai long (plus de 30 min) entre la demande et l'administration d'antalgique. Substance antalgique : noramidopyrine 82,5 a 100 p. 100 dans les services de chirurgie, tramadol 72 p. 100 en réanimation. Effets indiscernables : signalés par 35 p. 100 des patients surtout sensation de brûlure veineuse (69 p. 100), mais aucune consignation n'a été trouvée. Efficacité des traitements/Niveau de soulagement : Seuls 53 p. 100 des patients ont estimé que les traitements leur procuraient un soulagement important (à complet), d'où 40,5 p. 100 demandaient un traitement complémentaire ou différent. Freins à la PCDPO : 100 p. 100 PM et 56 p. 100 PS ont évoqué des freins à la bonne PCDPO : ressources humaines et matérielles insuffisantes, manque d'organisation. Organisation de la pcdpo : pas d'équipe structurée autour de la PCDPO ni de ''référent'' douleur. Conclusion : l'étude a montré une forte prévalence DPO avec une prise en charge globalement insuffisante, les dysfonctionnements étant de plusieurs ordres et touchant toutes les composantes de la pcdpo. La raison peut se trouver dans les conditions générales (ressources humaines et matérielles insuffisantes, contraintes économiques...) mais aussi et surtout dans un déficit de formation et d'organisation