Les Technologies de l'Information et de la Communication et la santé : état des lieux et perspectives dans les établissements de santé du district de Bamako.
Résumé
Malgré l'utilisation massive des Technologies de l'Information et de la Communication, et l'enthousiasme des autorités politiques, leurs potentiels restent encore sous exploités dans le domaine de la santé au Mali. Le but de notre travail était de décrire le rôle des TIC dans l'amélioration de la pratique médicale et du système sanitaire du Mali. Ceci passe par une analyse critique de l'état des lieux en la matière, l'ouverture d'une discussion sur les avantages et les inconvénients des TIC. Les résultats de cette analyse ont permis d'élaborer un bilan et de proposer aux autorités sanitaires des orientations sur la base des expériences pilotes réalisées dans le domaine. Il s'agit d'une étude prospective, descriptive et qualitative ayant inclus les médecins, les pharmaciens, les infirmiers et étudiants de troisième cycle de la FMPOS travaillant dans les établissements publics de santé du district de Bamako (tous les hôpitaux universitaires, centres de santé de référence, centres de santé communautaire). Au total 653 questionnaires ont été distribués, 464 réponses ont été fournies soit un taux de réponse 71 p.100 . Seuls 12 p.100 des participants estiment que les TIC n'améliorent pas leur travail et par conséquent n'ont pas répondues aux autres questions. Les résultats de cette étude nous ont permis de faire les constats suivants : La majorité des professionnels de la santé (76 p.100 ) avaient accès à l'outil informatique et à l'Internet dont 50 p.100 sur leur lieu du travail et 26 p.100 dans des cyber café. Parmi ceux qui ont potentiellement l'accès seuls 28 p.100 utilisent quotidiennement l'outil informatique et 11 p.100 naviguent sur Internet la plupart pour la messagerie électronique. L'accès à la connexion Internet et aux outils informatiques reste encore limitée à la hiérarchie dans beaucoup d'établissements de santé ; La plupart des professionnels de la santé n'étaient pas formés à l'utilisation des TIC et plus de la moitié des participants formés aux TIC, n'avaient suivi une formation qu'en bureautique (Word®, Excel®, PowerPoint®) ; 50 p.100 des participants ne savaient pas effectuer une recherche d'information médicale sur Internet ; Par rapport à la télémédecine 67 p.100 des participants étaient au courant des activités de télémédecine et ignoraient l'importance de ces activités. Après avoir pris connaissance des avantages que peut offrir la télémédecine, 97 p.100 des participants souhaitaient participer à ces activités surtout pour la formation médicale continue ; Malgré la sous-utilisation du potentiel existant, 92 p.100 des participants restent convaincus que les TIC constituent un outil privilégié pour l'amélioration de leur travail et partent plus loin en revendiquant l'information et la formation sur le rôle des TIC dans le domaine de la santé ; Enfin pour les participants le manque d'information, la non implication des autorités et la non sensibilisation des usagers sur les avantages potentiels constituaient les principaux obstacles au développement des TIC et de la télémédecine. Au vu de ces résultats nous pouvons conclure que le but de notre étude a été atteint. Un seul aspect difficilement palpable peut surprendre le monde extérieur. Il s'agit de la notion d'accès à l'outil informatique et aux TIC qui est le plus souvent révélé par les utilisateurs mais qui n'est pas paradoxalement le premier obstacle car notre étude montre que ceux qui ont un accès plus difficile ou même payant utilisaient plus les TIC que ceux qui en disposaient même dans leurs bureaux. Ce constat prouve qu'il faut mettre l'accent sur l'information et la sensibilisation sur le rôle que peut jouer les TIC dans le domaine de la santé. D'autre part, il serait judicieux de rompre avec les anciennes habitudes et de commencer cette dotation par ceux qui ont le plus besoin (internes des hôpitaux, infirmiers spécialisés, étudiants). S'il est vrai que notre échantillon est largement représentatif du district de Bamako, il n'est pas de même pour l'ensemble des régions sanitaires du Mali où l'accès à l'Internet reste encore limité. Enfin nous concluons cette étude par la formulation des recommandations suivantes : Instituer un service public qualifié dédié à la définition et au pilotage de la politique d'informatisation et de télé santé. Ce service devrait être du ressort de l'Etat et relever d'une structure administrative ayant une visibilité suffisante ; Etudier les besoins de chaque établissement de santé du Mali avant toute activité d'informatisation, afin d'éviter un phénomène de sous utilisation par manque d'intérêt ; Accroître les investissements consacrés aux systèmes d'information dans les établissements de santé ; Encourager et augmenter l'accès et l'utilisation des TIC dans le domaine de la santé, par l'exécution du Plan stratégique National des Technologies de l'Information et de la Communication ; Promouvoir l'utilisation des TIC dans la formation initiale et continue des professions médicales, paramédicales et sociales ; Faire participer les professionnels de santé aux concertations et aux groupes de travail appelés à se prononcer sur le développement des TIC appliquées à la santé ; Lancer une campagne globale d'information des professionnels de santé et du grand public, afin de s'assurer de leur adhésion, condition essentielle de la réussite des applications TIC dans le domaine de la santé.