Les crises tardives mais pas précoces ont un impact négatif sur la récupération précoce après un AVC : une étude cas-témoin
Abstract
Contexte : Bien que les convulsions soient une complication courante après un AVC, peu de preuves scientifiques sont disponibles sur l'impact des convulsions sur la récupération neurologique précoce. L'objectif était de clarifier l'impact de l'épilepsie en soi sur la réadaptation précoce. Méthodes : nous avons réalisé une étude cas-témoins chez des patients ayant subi un AVC avec et sans crises d'épilepsie, hospitalisés au service de rééducation de l'hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris, France, entre 1999 et 2019. Trois critères ont été retenus pour juger de l'impact sur la récupération neurologique : évolution du score de Rankin modifié entre l'entrée et la sortie du service de rééducation, la durée du séjour et la mortalité.
Résultats : durant la période d’étude, 408 patients répondant aux critères d'inclusion et d'exclusion ont été admis dans le service. Parmi eux, 59 patients ont eu des crises d'épilepsie dont quatre patients ont été exclus en raison d'un manque d'appariement correct avec les cas témoins. Parmi les patients présentant des convulsions, il y avait 15 cas de convulsions précoces survenant dans les 7 jours suivant l'AVC et 36 cas de convulsions tardives survenant au cours d'un séjour hospitalier dans l'unité de réadaptation neurologique. Quatre patients ont eu à la fois des crises précoces et tardives (tableau 3). Lors de la différenciation entre les populations de crises précoces et tardives (à l'exclusion des quatre patients qui ont eu les deux types de crises), il y avait des résultats statistiquement significatifs entre le groupe d'AVC avec crises d'apparition tardive et la population d'AVC appariés sans crise en termes de : meilleure évolution du score de Rankin dans le groupe AVC sans crise (p=0,011), la durée de séjour plus courte chez les patients victimes d'un AVC sans crise (p=0,004), mais aucune différence de mortalité entre les groupes de crises d'épilepsie tardive et d'AVC sans crise. Lorsque les populations de patients victimes d'un AVC avec des crises d'épilepsie précoces et tardives ont été comparées, il y avait à nouveau des résultats statistiquement significatifs en termes : de l’évolution du score de Rankin chez les patients AVC avec crises précoces (p=0,024), de la durée de séjour plus courte chez les patients ayant subi un AVC avec des crises précoces (p=0,044). Encore une fois aucune différence de mortalité entre les groupes d'AVC tardifs et précoces. Commentaires et discussion : le fait qu'aucun effet potentiellement délétère des crises précoces sur la récupération neurologique n'ait été trouvé soutient les recommandations actuelles de ne pas traiter systématiquement les crises symptomatiques aiguës après un AVC. A l'inverse, l'effet négatif de la survenue de crises tardives, le plus souvent isolées, plaide en faveur de l'administration du traitement dès la première crise tardive et s'inscrit donc dans la révision de la définition ILAE de l'épilepsie. Conclusion : nous avons démontré que les crises tardives, et non précoces, avaient un impact négatif sur la récupération fonctionnelle neurologique. Il s'agit de l'une des premières études impartiales à montrer que l'épilepsie liée à l'AVC en soi joue un rôle négatif dans la phase de rééducation précoce des patients victimes d'un AVC.