Facteurs associes a l’évolution au cours du traitement médical de la maladie de basedow au centre hospitalier Abass NDAO de Dakar
Abstract
La maladie de Basedow ou maladie de Graves n’est plus une maladie rare en Afrique de l’Ouest. Non décrite avant 1960, cette affection occupe une place grandissante au Sénégal comme l’illustre les 1355 cas que nous avons pu colliger à la clinique médicale II du Centre Hospitalier Abass Ndao de Dakar, en 10 ans.
Cette progression de la maladie de Basedow est la manifestation la plus voyante de la progression de la pathologie endocrinienne au Sénégal. Afin de contribuer à une meilleure connaissance de cette pathologie, nous avons mené une étude rétrospective dans le service, et nous nous étions fixés comme objectifs de faire le point sur le profil sociodémographique, les données cliniques et évolutifs de la maladie de Basedow et déterminer les facteurs associés à la rémission.
Pour ce faire, nous avons retenu tous les dossiers de patients reçus pour une maladie de Basedow ayant eu un bilan hormonal thyroïdien (Thyroxine libre (T4L) et thyréostimuline ultra-sensible (TSHus)). Cette étude a concerné les dossiers ouverts entre le 1er janvier 2010 et le 31 décembre 2019, soit une période de 10 ans.
Nous nous sommes intéressés aux paramètres suivants :
- Aspects épidémiologiques ;
- Aspects cliniques et paracliniques ;
- Aspects thérapeutiques et évolutifs ;
- Facteurs associés à l’évolution.
Dans notre série, la prédominance féminine était nette, avec un sex ratio de 0,2. L’âge moyen était de 31 ans. La tranche d’âge la plus représentative était de 18 à 60 ans. Un facteur déclenchant de la maladie a été retrouvé dans 48,49% des cas.
Le diagnostic de la maladie de Basedow reposait essentiellement sur des éléments cliniques devant l’existence d’un syndrome de thyrotoxicose, un goitre diffus vasculaire chez 92,39%, une exophtalmie chez 70,11% des cas.
Sur le plan thérapeutique, la majorité de nos patients étaient sous Carbimazole, associé ou non aux bétabloquants et/ou aux anxiolytiques en fonction du tableau clinique. Parmi les 1355 patients, la dose moyenne d’ATS lors du traitement d’attaque était de 37,05 mg par jour de Carbimazole. Le délai moyen de mise en place d’une dose d’entretien était de 3,6 mois. Le délai du traitement d’entretien était de 3 mois dans 58,6% des cas.
Sur le plan évolutif, la principale complication de la maladie de Basedow reste dominée par la cardiothyréose. Par ailleurs, nous avons pu noter 4 cas de crise aigues thyrotoxique et 10 cas d’exophtalmie maligne. Au terme du suivi, 25,54% des patients ont eu une rémission et 8,63% une rechute et 3,3% des patients avaient bénéficié d’une thyroïdectomie. Les perdus de vus représentaient 35% des cas.
Un échec au traitement médical était retrouvé dans 65,90% (892 cas). En analyse multivariée, seuls l’intensité de la thyrotoxicose (OR= 1,98 [1,52 – 2,60]), les fortes doses d’attaque en ATS (OR= 2,10 [1,32 – 3,34]), l’absence de traitement d’entretien avant 6 mois (OR=0,67 0,49 – 0,90]) et le long délai de consultation (OR=0,73 [0,55 – 0,95]) étaient statistiquement associés au risque d’échec thérapeutique.
Une rémission durable était obtenue dans 25,54% (346) des cas et une récidive chez 117 patients (8,63%). En analyse multivariée, la moindre intensité de la thyrotoxicose (OR= 0,66 [0,49 – 0,89]) et les faibles doses d’attaques en ATS (OR= 0,52 [0,32 – 0,85]), la précocité du traitement d’entretien avant 6 mois (OR=1,51 [1,08 – 2,13]) étaient statistiquement associés à la rémission durable.