Etude des facteurs d’endémisation de la schistosomose dans la commune urbaine de Ségou
Abstract
La ville de Ségou est riveraine du fleuve Niger dont les eaux sont utilisées par les populations pour des besoins domestiques et l’irrigation. Il constitue à cet effet le principal gîte où se développent les mollusques hôtes intermédiaires de la schistosomose. L’objectif de notre travail était d’étudier les facteurs d’endémisation de la schistosomose et des géohelminthiases dans la commune urbaine de Ségou après la mise à échelle au Mali en 2005, de la distribution annuelle de masse du praziquantel et de l’albendazole. L’enquête parasitologique a été réalisée en novembre 2017. Les enquêtes malacologiques couplées à l’observation des contacts hommes/eau ont mené en janvier 2018 (saison sèche froide) ; en avril 2018 (saison sèche chaude) et en août 2018 (hivernage). La population cible était constituée des enfants d’âge scolaire âgés de 7-14 ans. La technique de filtration des urines et celle du Kato-Katz ont été respectivement utilisées pour la recherche des oeufs de Schistosoma haematobium et ceux de Schistosoma mansoni et de autres helminthes intestinaux. Les échantillons d’urines étaient collectés entre 10h et 14h. La collecte des mollusques a été faite par prélèvement direct des spécimens sur les supports avec de longues pinces ou en utilisant l’épuisette. L’émission cercarienne a été provoquée par exposition des spécimens à la lumière d’une ampoule électrique. La géolocalisation des écoles enquêtées et des points de contact homme-eau a été faite par GPS. Le test de X2 a été utilisé pour vérifier l’association des variables ; une analyse multivariée a permis d’identifier les facteurs étudiés associés à la schistosomose avec un risque alpha de 5%. Le protocole de l’étude a été approuvé par le comité d’éthique institutionnelle de la Faculté de Médecine et d’Odontostomatologie de Bamako. Au total, 1806 élèves fréquentant 13 écoles de la commune urbaine de Ségou ont été enrôlés.
La prévalence globale de la schistosomose à Schistosoma haematobium était de 5,5% [4,39-6,57]. Les garçons infestés à 8,2% [6,33-9,97] étaient plus touchés que les filles 2,6% [1,50-3,70] (p= <10-3).
La prévalence de S. haematobium variait en outre significativement d’une école à une autre (p=10-3) ; elle était plus élevée à Bagadadji avec 15,7% [10,40-21,89] et nulle à Hamdallaye. En revanche, l’âge n’influait pas sur le portage du portage du parasite (p=0,74). Les charges parasitaires variaient de 1 à 460 oeufs par 10ml d’urine et la prévalence des fortes charges parasitaires était de 1%. S. mansoni n’a pas observée et les géohelminthiases y étaient rares (P<1%). Le sexe [(p=<10-3) ; (OR=0,3 ; IC95% : 0,183-0,493)] et le maraîchage [(p=< 10-3) ; (OR=30,432 ; IC95% : 17,604-52,609)] étaient les facteurs de risque associés à la transmission de S. haematobium. A ces facteurs s’ajoute la pollution des berges du fleuve Niger, un facteur de prolifération et d’infestation des mollusques susceptible pour d’entretenir la circulation du parasite dans la population. Nos résultats montrent que la schistosomose à Schistosoma haematobium était mésoendémique (10%<P>50%) dans deux écoles et hypoendémique (P<10%) dans onze sur les treize écoles enquêtées. Des études contacts homme/eau plus approfondies et des enquêtes malacologiques couvrant toute l’année contribueraient à décrire d’autres facteurs de risque et à identifier les sites de transmission du parasite.