Evaluation de la pollution microbienne dans le centre ville de Bamako
Résumé
La pollution de l’air extérieur aussi bien que la pollution de l’air intérieur sont désormais un problème réel de santé publique. Au mois de septembre 2016 l’OMS vient de lancer la sonnette d’alarme car selon une de ses publications 92% de la population mondiale vit dans des lieux où les niveaux de qualité de l’air extérieur en matière particulaire ne respectent pas les limites fixées, donc sont exposés à un air pollué. Les premiers impacts de l’exposition de ces polluants étant respiratoires, surtout l’effondrement de son système de défense, est à craindre dans nos villes où les infections microbiennes continuent à faire ravages. Face à cette pollution particulaire croissante, nous avons voulu évaluer la présence et la saisonnalité microbienne dans le centre-ville de Bamako et aussi identifier ceux qui sont potentiellement exposés à ces polluants. L’évaluation nous a permis de mettre en évidence après 30 prélèvements et la coloration de 240 lames plusieurs sortes de microbes durant notre période d’étude. Les bactéries qui faisaient l’objet de notre étude représentaient 96,25% de ces microbes et les champignons 3,75% malgré l’utilisation de milieu de culture défavorable à leur développement. Parmi les microbes les bactéries de formes Bacillaires représentaient 77,08% contre 19,12% pour les formes cocci. Les bactéries à Gram positif représentaient 51.2% de la population bactérienne et les bactéries à Gram négatif 48.03%. La différence n’étant pas significative, cela veut dire que notre site de collecte présente les 2 situations productrices de microbes, c'est-à-dire un site à forte densité humaine (favorable au Gram négatif) et un environnement sec et poussiéreux (favorable au Gram positif). Il faudra indiquer que notre site est exposé aux gaz d’échappement des motocycles et véhicules, produisant des polluants atmosphériques (NO, CO, les hydrocarbures) dont l’impact sur l’écologie microbienne n’est pas connu, mais ils peuvent avoir un effet protecteur sur les micro-organismes, selon les espèces microbiennes surtout sur les bactéries à Gram négatif qui normalement avoisinent un taux de 30% dans l’air extérieur. La température a joué un rôle favorable sur la présence des microbes durant notre étude, alors dans la saison sèche chaude nous avons eu 63,46% contre 36,54% dans la saison sèche froide P = 0,089, X2 = 8.13. Cependant dans la saison sèche froide nous avons eu une dominance des bacilles Gram négatif et les cocci Gram positif par rapport à la saison sèche chaude, ce qui pourra expliquer la forte fréquence des infections respiratoires et les infections de la sphère ORL pendant cette saison. Parmi les 504 sujets enrôlés de façon aléatoire aux alentours du point de collecte, il ressort que 54,6% de nos sujets seraient des sujets potentiellement intéressants pour une étude plus poussée sur l'impact de la poussière et des polluants chimiques dans la survenue des infections pulmonaires et cardiovasculaires.