Motifs d’admission des affections dermatologiques en réanimation au CHU- HDB de Bamako.
Abstract
INTRODUCTION : Les urgences dermatologiques nécessitant une réanimation sont rares, mais elles présentent un taux de létalité élevé et entraînent parfois des conséquences graves à long terme liées aux séquelles. Nous pouvons citer les dermohypodermites bactériennes nécrosantes, les toxidermies sévères, les affections auto-immunes, ainsi que les brûlures, qui sont des traumatismes cutanés. En Afrique, plusieurs auteurs se sont penchés sur cette question, rapportant des fréquences d'hospitalisation variant entre 0,4 % et 1,53 % selon les études. Au Mali, les recherches se sont principalement concentrées sur des affections isolées et sur des services hors du cadre de la réanimation. L'absence de données nationales précises nous a incité à entreprendre cette étude, dans le but de présenter de manière pragmatique les modalités de diagnostic et de prise en charge des affections dermatologiques pouvant nécessiter une admission en réanimation.
Patients et méthodes : C’est une étude transversale descriptive qui s’est déroulée sur la période allant de Janvier 2022 à Février 2024. Dans le recueil des données, étaient inclus tous les patients admis dans le service de réanimation pour affection dermatologique. Résultats : Au total, 246 patients ont été hospitalisés en réanimation, parmi lesquels nous avons dénombré 75 cas de pathologies dermatologiques. L’âge moyen était de 40,1 ans et une prédominance masculine a été notée (une fréquence de 59 %, soit un sex ratio de 1,44). Le délai moyen d’admission était de quelques heures. L’ensemble des affections dermatologiques étaient dues aux traumatismes cutanés : 45,3%, les toxidermies : 10,7%, les pemphigus : 5,3%, les dermo-hypodermites bactériennes : 38,7%. Les principaux germes isolés étaient : Escherichia coli (13,3%), Klebsiella pneumonia (16 %), Pseudomonas aéruginosa (14,7 %), Staphylococcus aureus (2,7 %), Acinetobacter baumanii (9,3 %), Candida albicans (4 %), Providencia stuartii (4 %), Proteus mirabilis (5,3 %) et Staphylococcus à coagulase négative (1,3 %). La durée moyenne d’hospitalisation était de 13,5 + - 5 jours avec des extrêmes de un et 51 jours. Des complications étaient survenues chez la plupart de ces patients : anémie (46,7%), détresse respiratoire (13,3%), altération de la conscience (13,3%), hypotension artérielle (46,7%), sepsis (75%), état de choc (58,7%). La mortalité était de 65,3% et était liée aux complications. Conclusion : Les affections dermatologiques sont un motif fréquent d’admission en réanimation raison pour laquelle il est nécessaire de faire une étude multicentrique sur leurs facteurs de risque.