Aspects épidémiologiques et incidence des morsures de serpents dans la région de Sikasso (Mali).
Résumé
Nous avons effectué de février 2005 à février 2006 une étude portant sur les envenimations de serpents dans la région de Sikasso. Cette étude avait pour but de décrire les aspects épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques des morsures dans les CSRéf des 7 cercles de Sikasso et leur incidence dans le village de Ouolosso dans le cercle de Koutiala. Nous avons mené à la fois à une étude rétrospective et à une étude prospective auprès des ménages à Ouolosso. Les adultes jeunes de 15-30 ans de sexe masculin étaient plus touchés que les autres, soit 34,6 p.100 (198/572) des cas. Les travaux agricoles constituaient la principale activité à risque des populations. Toutefois, les circonstances de la morsure étaient méconnues pour 61,18 p.100 (350/572) des victimes. Les membres inférieurs, atteints dans 35,3 p.100 (202/572) étaient le siège le plus fréquemment touché. La grande majorité des envenimations, 49,47 p.100 (283/572) survenaient au cours de la saison des pluies. La symptomatologie (signes généraux et locaux) des envenimations était largement dominée par le syndrome vipérin. En dehors de l'ampoule symbolique de SAV systématiquement administrée à toutes les victimes, le traitement était plutôt symptomatique. Le schéma thérapeutique était en outre identique pour tous les patients : anti-inflammatoires, antibiotiques, SAT et analgésiques. Au total, 572 cas de morsures ont été enregistres dans les CSRéf de Sikasso avec un taux de létalité de 6,71 p.100 (36/536). Il n'existe pas de différence statistiquement significative des morsures en fonction du sexe (p égal 0,31). Le taux de morbidité dans la population générale variait entre 1,13 pour 100 000 habitants par an à Koutiala à 6,78 pour 100 000 habitants par an à Kadiolo. Le taux de létalité était compris entre 0,06 pour 100 000 habitants à Yorosso et 0,75 pour 100 000 habitants à Kadiolo. Les besoins en SAV calculés sur la base des cas reçus dans les centres de santé (entre 15 et 50 ampoules par an) confirment la faible fréquentation des différentes structures. A Ouolosso, l'incidence annuelle des morsures (164/100 000 habitants) était largement supérieure à celle enregistrée dans toutes les formations sanitaires. Au regard des résultats obtenus, moins que les centres de santé, la prise en charge des envenimations était surtout assurée par automédication et par le recours au tradithérapeute. Une meilleure notification des cas, la formation du personnel et la responsabilisation des guérisseurs traditionnels pourraient contribuer à améliorer la prise en charge des cas de morsures de serpents dans les zones d'endémie.