Nutrition péri-opératoire : connaissances, attitudes et pratiques au CHU Gabriel Touré
Résumé
Introduction : la dénutrition constitue un problème majeur en chirurgie du fait de sa fréquence élevée et de son impact négatif sur la morbi-mortalité postopératoire ainsi que la durée et le cout du séjour hospitalier. Une prise en charge nutritionnelle péri opératoire correcte est une impérative dont l’intérêt est pleinement admis ce jour. Le but de ce travail était d’évaluer cette prise en charge dans notre contexte. Matériels et méthodes : étude transversale descriptive dans le service de chirurgie générale du CHU Gabriel TOURE sur une période de dix-huit mois (de 01 juin 2020 au 30 Novembre2021), avec trois composantes (enquête/connaissance des praticiens, Evaluation clinique, étude épidémiologique). Données ont été recueillies sur la base d’auto-questionnaires pour les praticiens, revue des dossiers, et enquête in situ ; explorant tous les indicateurs de la prise en charge nutritionnelle. Résultats : Données générales : Cinquante un(51) sur soixante-cinq(65) praticiens (37%) ont pris part. Et 401 dossiers-patients ont été colligés avec un sexe ratio de 1,4 et un âge médiane de 40,5 ans, âge moyen de 43,8 ans ± 19,2 (15 et 98 ans).* Formation-Connaissance du personnel : seulement cinq praticiens sur 51 avaient reçu une formation sur la nutrition. Le score global de connaissance était faible pour trois-quarts (38). Les ¾ avaient un niveau de connaissance faible des facteurs de risque de dénutrition et des indications d’assistance nutritionnelle. Moins de la moitié des praticiens connaissaient les valeurs seuil des critères de définitions de l’état nutritionnel (14 pour l’IMC, 26 pour l’albuminémie et 29 pour le pourcentage de perte de poids).* Evaluation clinique : sur le plan organisationnel il n’y avait pas de protocole de prise en charge nutritionnelle, et la disponibilité des matériels de mesure anthropométrique n’était pas à 100%.La recherche systématique des facteurs de risque n’étaient pas clarifiée dans les dossiers et l’évaluation de l’état nutritionnel peu réalisée. L’IMC était calculé dans 62,5%, Le pourcentage de perte de poids a été estimé dans 15,5% et le dosage de l’albuminémie jamais réalisé. Aussi le diagnostic de risque nutritionnel sur la base des grades nutritionnels (GN) n’était jamais réalisé. Aucune trace de « conseils diététiques » n’a été retrouvée. Aspects épidémiologiques : la fréquence globale de la dénutrition était de 48%. La dénutrition a été classée « très sévère : IMC<13 » chez 9,8%, « sévère : IMC 13-15.9 » chez 31,4%, « modérée : IMC 16-16,9 » chez 25,5% et « légère : IMC 17-18,4 » chez 33,33%. Le grade (de risque) nutritionnel (GN) a été côté GN1 chez 23,2%, GN2 chez 56,1%, GN3 chez 2,9% et GN4 chez 17,9%. Conclusion : La fréquence de la dénutrition est élevée en chirurgie surtout pour les pathologies cancéreuses. Elle grève considérablement les résultats de cette chirurgie. Mais paradoxalement sa prise en charge reste insuffisante. Au-delà des problèmes de disponibilité et d’accessibilité des produits nutritionnels, une connaissance limitée des praticiens et un déficit organisationnel sont aussi des facteurs qui impactent négativement sur cette prise en charge.