Evaluation du fardeau des céphalées à Bongor (région du Mayo Kebbi est) République du Tchad
Résumé
Les céphalées sont l'une des affections les plus courantes du système nerveux et plusieurs de leurs sous-types, céphalées de tension, migraines, céphalées en grappe et syndromes de céphalées chroniques quotidiennes - sont à l'origine de handicaps importants. Ces pathologies font partie des dix causes les plus fréquentes de consultation dans une pratique de médecine générale et sont responsables de 20% des causes d’absentéisme (1 jour d’absence/ année/employé). À l'échelle mondiale, Les céphalées sont la troisième cause d'invalidité. La prévalence chez l’adulte est d’environ 50%. En Afrique sub-saharienne jusqu'à une période récente, peu d’études avaient porté spécifiquement sur la prévalence des céphalées qui étaient très disparates. Cependant à la lumière de ces travaux, les céphalées apparaissent donc en Afrique, comme un problème majeur de santé publique avec des conséquences négatives sur la qualité de vie et un coût socio-économique considérable. En outre, la plupart des études épidémiologiques réalisées jusqu'à présent l'ont été dans d’autre pays qu’au Tchad. Dans ce contexte, une étude épidémiologique devenait une nécessité absolue d’où notre travail qui avait pour objectif d’étudier le fardeau des céphalées dans le district sanitaire de Bongor, la région du Mayo Kébbi Est du Tchad.
Dans le cadre d’une caravane de consultation gratuite organisée par la Société Tchadienne de Neurologie (STN) à l’hôpital provincial de Bongor, une étude transversale à l'échelle de l’hôpital provincial de Bongor a été menée auprès de la population adulte et adolescente âgée de 15 à 75 ans.
Nous avons recensé au cours de cette étude 61 cas des céphalées avec une prévalence de 98,4% des cas de céphalées au cours des 12 derniers mois. Le sexe ratio est de 1,03 avec une tranche d’âge de 26-40 ans. Toutes les couches sociales étaient représentées dans notre étude. Néanmoins les salariés étaient majoritaires soit 31,1%. Par ailleurs, les céphalées ont occasionné dans près d’ 1/3 des cas d’absence au travail allant de 1 à 5 cinq jours par mois. Globalement, les molécules les plus utilisées étaient le paracétamol (65,3%) et les anti-inflammatoires avec comme chef de fil l’Aspirine (29,4%). Les céphalalgiques ont fait recours au traitement traditionnel dans 18% des cas.
Notre travail comme la plupart dans la littérature a permis de confirmer l’ampleur des céphalées et du fardeau qu’elles engendrent. Il apparait évident que les céphalées sont très fréquentes dans notre contexte et touchent différentes couches de la population à des proportions variées. La bonne maîtrise de la prise en charge des céphalées permettra d’avoir un impact positif sur le coût économique qu’engendre cette pathologie.