Etude des marqueurs moléculaires de résistance de Plasmodium falciparum aux médicaments du traitement combiné aux dérivés de l’artémisinine dans deux localités d’endémicité différente au Mali en 2016 : Dangassa et Nioro du Sahel
Résumé
La résistance aux antipaludiques est un facteur clé limitant le contrôle du paludisme dans la
plupart des régions endémiques palustres. Nous avons mené cette étude pour estimer la
proportion des marqueurs moléculaires de résistance de P. falciparum à l’artémisinine, à la
luméfantrine, à l’amodiaquine et à la sulfadoxine-pyriméthamine à Dangassa et Nioro-du-sahel
au Mali, deux zones éco-climatiques différentes.
Au total, nous avons collecté 270 échantillons de sang auprès de patients positifs à P. falciparum
en 2016 (214 à Dangassa et 56 à Nioro-du-sahel). L’ADN parasitaire extrait a été utilisé pour le
génotypage des gènes de résistance aux antipaludéens étudiés en utilisant la plateforme robotique
Agena MassARRAY®
iPLEX (Agena Bioscience, Hamburg, Germany).
Sur les six (6) mutations constitutives du fond génétique de résistance à l’artémisinine les
mutations Pfcrt_I356T et Pffd_D193Y étaient les plus fréquentes avec respectivement 46,4% et
4,3% à Dangassa contre 51% et 9,4% à Nioro du Sahel. Les mutations Pfcrt_326S, Pfarps
10_127M, Pfarps10_128Y, Pfmdr-2_484I étaient très faiblement retrouvées à Dangassa avec des
proportions de moins de 1%. Cependant, nous n’avons pas trouvé d’isolat présentant le fond
génétique de résistance à l’artémisinine à Dangassa et à Nioro du Sahel. Les marqueurs
moléculaires de résistance les plus fréquemment rencontrés étaient ceux de la pyriméthamine
(Pfdhfr_51I-59R-108N)) avec 14% à Dangassa et 19% à Nioro, de la luméfantrine (Pfmdr 1_184Y) avec 18,2% à Dangassa et 25% à Nioro et de l’amodiaquine (Pfmdr-1_86Y) avec
respectivement 7% à Dangassa et 5,4% à Nioro. Le marqueur de résistance à la sulfadoxine
(Pfdhps_437G-540E) a été retrouvé chez 1,9% des isolats de Dangassa, aucun isolat de Nioro n’a
présenté ce marqueur.
Notre étude révèle une plus grande prévalence du marqueur de résistance à la luméfantrine suivi
de celui de la pyriméthamine et de l’amodiaquine. Nous n’avons pas retrouvé de fond génétique
de résistance à l’artémisinine alors que toutes les mutations constitutives de ce fond étaient
présentes à Dangassa.