Apport du repérage échographique dans la ponction lombaire pour les césariennes en obstétrique : étude pilote menée à la clinique Mohamed VI de Bamako
Résumé
La technique classique de la rachianesthésie repose principalement sur la palpation de repères anatomiques qui peuvent être difficilement déterminables. En obstétrique, l’obésité et/ou l’oedème de la grossesse et les modifications de la courbure lombaire peuvent devenir des éléments supplémentaires d’erreur dans le repérage de la zone de ponction et donc de ponction difficile. L’incidence des échecs de la rachianesthésie dus à l’obésité de la grossesse varie de 0,8 à 6 % dans la pratique obstétricale. L’objectif de cette thèse était d’évaluer l’apport de l’écho repérage du rachis lombaire chez les patientes admises pour une césarienne programmée ou semi urgente à la Clinique Périnatale Mohammed VI et plus précisément déterminer le nombre de ponction lombaire avec chaque technique, déterminer la durée de réalisation de chaque technique, déterminer le profil de l’opérateur au bloc opératoire lors de ponction, identifier les évènements indésirables liés aux différentes techniques et identifier les facteurs de réussite et les limites de la technique.
Nous avons réalisé une étude comparative, analytique à collecte prospective randomisée comparant l’écho repérage et le repérage anatomique sur une période de 8 mois allant du 1er mars au 30 octobre 2024. Il en est ressorti que la fréquence de réalisation de l’écho repérage dans cette étude était de 23,08%.
Plus de trois quarts des patientes ayant bénéficié d’un écho repérage ont reçu une tentative de ponction lombaire (93,3%) (p= 0,003). Les patientes ayant un temps de réalisation inférieure à 2 min étaient significativement les plus représentées (100,0%); suivies des patientes dont le temps de réalisation était compris entre 3 et 4,9 min (81,3%). Celles ayant un temps de réalisation inférieure à 2 min avaient été écho repérées tandis que celles dont le temps de réalisation était compris entre 3 et 4,9 min ne l’avaient pas été (p<0,0001). Les patientes n’ayant pas eu de complications post rachis (24 - 48H) étaient plus représentées dans le groupe des repérées (52,2%) tandis que celles ayant eu des complications étaient plus représentées dans le groupe des non repérées (66,7%) (p=0,34). Les patientes chez qui il n’y a eu aucun évènement indésirable étaient significativement des patientes écho repérées (55,6%) tandis que celles chez qui il y a eu des ponctions hématiques étaient significativement du groupe des non repérées (100,0%) (p=0,010). Dans le groupe des repérés, les patientes chez qui la ponction lombaire est une réussite à la première tentative étaient les plus représentées et il s’agissait majoritairement de patientes prises en charge par un FFI (94,4%) (p=0,84). Dans le groupe des non repérés, les patientes avec une et deux tentatives étaient les plus représentées et il s’agissait majoritairement de patientes prises en charge par un IADE (44,4%) P=0,462. La coopération des patientes et l’échogénéicité étaient des facteurs de réussite de la technique d’écho repérage.
Au terme de cette étude, nous pouvons dire que le repérage échographique du rachis lombaire améliore considérablement le taux de réussite de la ponction lombaire, diminue le temps de réalisation de cette dernière, minimise les réorientations et donc la survenue des complications post rachis. Il rend la ponction lombaire très facile, permettant à tout opérateur de la pratiquer aisément peu importe le niveau d’expérience. Il serait donc bénéfique de développer un protocole standardisé pour l’utilisation de l’échographie pour la ponction lombaire et systématiser l’écho repérage chez les patients ayant une prévision de ponction difficile.