Spécificités clinico-radiologique, cardiologiques, biologique, thérapeutique et évolutif des infarctus cérébraux lies à la maladie des petites artères cérébrales dans le service de neurovasculaire de l’Hôpital Raymond Poincaré, AP-HP, Paris – France
Résumé
Contexte et objectifs : La maladie des petites artères cérébrales (MPA) constitue une pathologie fréquente, et représente près d’un quart des accidents ischémiques cérébraux (AIC). L’HTA représente le principal facteur de risque de la MPA, en France la prévalence de l’HTA est de 30%, au Mali elle est d’environ 37%. L’objectif de cette étude était de déterminer les facteurs spécifiques des infarctus cérébraux liés à la MPA comparés aux infarctus d’autres étiologies (MPA-).
Méthodes : Il s’agissait d’une étude transversale, rétrospective et analytique sur 16 mois, du 01/09/2021 au 31/12/2022. Tous les patients présentant un AIC, visible sur l’IRM, ont été inclus. Ils ont tous bénéficié d’une exploration des troncs supra aortiques, d’une échographie cardiaque trans thoracique (ETT) et d’un holter ECG longue durée de 14 jours. L’évolution clinique a été évalué à 3 mois par le score de Rankin. Les patients MPA ont été définis selon les critères radiologiques STRIVE à partir de l’IRM initiale. Les données cliniques (sexe, âge, origine ethnique, facteurs de risques cardiovasculaires, gravité clinique initiale), biologiques (taux de LDL, HbA1c), artérielles (athérome sténosant ou non), cardiologiques (présence d’une Hypertrophie ventriculaire ou d’une Oreillette Gauche dilatée sur ETT, présence d’une fibrillation auriculaire sur Holter ECG) ont été recueillis. Le type de traitement a été précisé pour chacun des patients, ainsi que le mode de sortie. Après analyse de ces données, les groupe MPA+ et MPA- ont été comparés.
Résultats : Nous avons colligé 193 patients, l’âge moyen de la population générale était de 72 ans (23,3 - 97,9), 54% était des homme (H/F 1.16). La MPA représentait 16% (n=30) avec un âge moyen de 68,5ans (43,2 - 86,4 ans), 23% sont d’origine sub-saharienne ; l’HTA était présent chez 80% des patients ; on notait un AVC mineur chez 87% des patients, 64% avaient des troubles neurocognitifs, 100% des patients avait une leucopathie vasculaire (HSB), 87% avaient de l’athérosclérose ; on notait une hyperexcitabilité auriculaire chez 30% sur l’Holter ECG de14 jours et la FA chez un patient ; 93% avait un LDL-c > 0.7g/L, 100% ont reçu un traitement antiplaquettaire. En comparant les deux groupes MPA+ et MPA- : on notait une HTA chez 80% des patients MPA+ vs 67% (p=0.201), une dyslipidémie chez 77% MPA+ vs 64% (p=0.215) ; un délai d’admission de moins 6h que chez 30% des patients MPA + vs 72% (p=0.0001*) ; le NIHSS moyen était de 3 (0 – 13) dans le groupe MPA+ vs 7 (0 – 30) (p=0.003). Dans le groupe MPA+ aucun patient n’a bénéficié d’une thrombolyse IV vs 39% ;100% des MPA+ ont bénéficié d’un traitement antiplaquettaire dans les premières 24h versus 61% des MPA-. Le mRs moyen à la sortie était de 2 (0 - 5) dans le groupe MPA+ vs 3 (0 – 6) ; 53% patients MPA+ sont sorti à domicile vs 38% (p=0,156). On notait 0 décès intra hospitalier dans le groupe MPA+ vs 4% (p=0,598).
Conclusion : A travers cette étude nous avons démontré les spécificités cliniques, paracliniques, cardiologiques, thérapeutiques et évolutives des infarctus cérébraux liés à la MPA et le rôle déterminant que joue l’hypertension artérielle chronique dans la survenue de cette pathologie.