Relation entre maladies parodontales et maladies systémiques : étude transversale des connaissances des médecins en spécialisation au Mali
Résumé
Introduction :
Les maladies parodontales (MP) sont des maladies infectieuses multifactorielles [1]. Elles sont caractérisées par une inflammation, des saignements gingivaux, la formation des poches parodontales en rapport avec des pertes d’attaches cliniques, des mobilités dentaires. En l’absence de traitement les MP peuvent conduire à la perte des dents [2].
Les MP sont très répandues dans le monde, en Afrique, au Madagascar dans la région de Menabe était l’ordre de 45 %, 33 % au Ghana, 27, 5 % Nigéria, 30 % au Sénégal [5-6]. Au Mali, la prévalence des MP est l’ordre de 45 % dans le service de parodontologie au CHU-CNOS Pr HT.
Les maladies systémiques (MS) sont un ensemble de maladies auto-immunes (MAI) qui se définissent comme des manifestations pathologiques liées à la mise en jeu des effecteurs immunitaires. Elles font intervenir des facteurs génétiques, des facteurs environnementaux et des facteurs stochastiques qui convergent pour mettre en action ou réguler les grandes voies de fonctionnement des systèmes immunitaires inné et adaptatif [9]. Si le rôle de certains maladies systémiques dans l’apparition et la progression des MP est bien démontré et reconnu, l’influence des MP sur l’état général n’a été mise en lumière que récemment avec l’émergence du concept de « médecine parodontale » et des répercussions systémiques des MP. En effet, plusieurs études ont rapporté que les MP pouvaient présenter des risques dans des situations suivantes : Maladies cardiovasculaires [11], Diabète sucré [12], Infections pulmonaires [13], Naissances prématurées [14], Mortalité [15], Polyarthrite rhumatoïde [16], Drépanocytose [17], autres maladies systémiques.
Ainsi l’objectif de cette étude est d’évaluer les connaissances des médecins en spécialisation sur la relation entre la MP et les maladies systémiques.
Méthodologie :
Il s’agissait d’une étude transversale descriptive sur la connaissance des médecins en spécialisation au sujet de la relation entre la MP et les maladies systémiques qui a été effectué sur une période de six mois allant du 1er Octobre 2022 au 31 Mars 2023. L’entretien individuel et les fiches d’enquêtes ont été utilisés comme méthode et technique de collecte des données. La rédaction a été faite sur le logiciel World 2019, les représentations graphiques et l’analyse des données ont été faites avec le logiciel Excel version 2016 et SPSS version 26.0, le test statistique de comparaison des fréquences de Khi2 et de Fisher ont été utilisés pour connaitre le degré de signifiance.
Résultats :
Sur 102 médecins en spécialisation enquêtés, la tranche d’âge la plus représentée étaient [25-35] ans soit 82,4 %. Le sexe masculin a été le plus représenté avec 73,5 % des cas avec un sex ratio de 2,78. Nos enquêtés ont affirmé dans 96 % des cas d’avoir une connaissance sur la MP ; 27,5% ne connaissent pas les signes associés au MP ; 13,8 % ont reconnus le processus tumoral comme facteur de risque associé au MP.
La question sur le lien entre la MP et les maladies systémiques, 8% ont affirmé n’est pas être au courant du lien entre ces deux pathologies ; 32, 3 % ont estimé 50 à 70 % la prévalence de la MP en Afrique ; 55,9 % ne demandaient jamais à leurs patients s’ils avaient reçu un diagnostic de la MP ; 9,8 % affirmaient ne jamais référer de patients pour une consultation bucco-dentaire.
Dans cette étude, 34,3 % de nos enquêtés qualifient leur connaissance insuffisante au sujet de la relation entre la MP et les maladies systémiques ; 14 % des cas ont affirmé qu’ils n’avaient reçu des informations sur les MP pendant leur formation ; 44 % ont affirmé que discuter de la santé bucco-dentaire avec les patients ne faisaient pas partie de leur responsabilité professionnelle ; la quasi-totalité de nos enquêtés seraient intéressés à obtenir plus de formations au sujet de la relation entre la MP et les maladies systémiques.
Il a été constaté qu’il y avait un lien statistiquement significatif entre le niveau d’étude et le lien de la MP avec la grossesse, et la responsabilité professionnelle des médecins avec les patients.
Conclusion :
Les résultats obtenus permettent de conclure que plus de formation sur la relation entre la maladie parodontale et les maladies systémiques permettrait d’améliorer les connaissances des médecins en spécialisation, de promouvoir des meilleures pratiques cliniques et de favoriser une étroite collaboration interprofessionnelle.