Evaluation de l'impact d'une pulvérisation intra-domiciliaire en saison sèche sur la transmission du paludisme le long du fleuve Niger, Mali
Résumé
La lutte anti-vectorielle est essentiellement basée sur l'utilisation des moustiquaires imprégnées d'insecticide à longue durée (MILD) et la pulvérisation intra-domiciliaire (PID). Mais le succès de toute méthode de lutte anti-vectorielle et son coût dépendent de son adaptation aux conditions environnementales locales. Le coût élevé de la PID peut limiter sa généralisation et sa pérennité d'où la nécessité de développer de nouvelles approches moins onéreuses adaptées aux zones d'interventions. C'est dans cet ordre d'idée que le présent travail a été entrepris dont l'objet est d'évaluer la faisabilité et l'impact possible d'une PID en saison sèche dans les hameaux riverains du fleuve Niger ainsi que dans leurs villages mères sur la transmission du paludisme. Cette étude s'est déroulée en trois volets : i) la PID, effectuée par des operateurs expérimentés du 10 au 25 Février 2010 ; ii) une évaluation de l'efficacité biologique de l'insecticide utilisé par le cône test de l'OMS 2, 4, 7 et 9 mois après la PID ; iii) un monitorage des paramètres entomologiques de la transmission dans des hameaux de pêche où eu lieu la PID (tests) et dans d'autres où il n'y a pas eu de PID (contrôle) ainsi que dans leurs villages mères respectifs (tests vs témoins) de mars à décembre 2010 par la capture au pyrèthre dans les habitations humaines. Nos résultats ont montré un taux global de couverture de 88,8 p.100 . (978/1101) des cases. La population couverte était de 2250 habitants dont 21,5 p.100 étaient des sujets à risque du paludisme (enfants de inférieur à 5 ans et femmes enceintes). L'efficacité biologique de l'insecticide a varié de 100 p.100 deux mois après la PID dans les deux types de case (tôle et paille) à 36 p.100 et 6,11 p.100 neuf mois après la PID respectivement dans les cases en tôle et en paille. La densité et l'agressivité d'An. gambiae s.l. étaient significativement plus faibles dans les hameaux tests comparés aux témoins ainsi que dans les villages mères tests comparés aux témoins jusqu'à 4 mois après la PID. Les mêmes tendances étaient observées avec les TIEs mais seulement 3 mois après la PID. Par contre aucune tendance de réduction n'a été observée avec les taux d'anthropophilie et d'infection. Une seule PID avec la lambda-cyhalothrine pendant la saison sèche le long du fleuve ne protégerait pas la population d'une transmission toute l'année, mais réduirait celle-ci de façon significative au moins quatre mois après sa mise en oeuvre.